Dans ma mémoire de pêcheur, il a bien sur les premières sorties effectuées avec mon grand père, alors que j'étais un jeune pré-adolescent.
A cette époque, je passais quasiment toutes mes vacances scolaires à St Flour, chez mon grand père, où se retrouvait toute la famille, proche et lointaine, pour passer quelques jours ensemble dans les deux maisons mitoyennes, celle de mon grand père, et celle de ma grande tante.
Il arrivait parfois que je passe une semaine de vacances seul avec mon grand père.
Nous partions alors tous les jours à la pêche.
Le midi, nous déjeunions ensemble au restaurant de St Flour dénommé "L'Europe" et que je vous recommande d'ailleurs pour l'accueil dont vous y bénéficieriez. La vue panoramique sur le sud de la ville vaut le détour tout autant que les menus qui vous ferons déguster les spécialités locales.
Je n'attendais qu'une chose, que le repas soit englouti le plus vite possible afin que nous partions à la pêche ensemble.
Le café terminé, nous prenions la route à bord de la clio de mon grand père, en passant par l'ancienne nationale zigzaguant dans les méandres du viaduc de Garabit. (l'autoroute A75 n'existait pas encore)
Le secteur de pêche était celui de la Truyère, rivière au combien magique, coulant à cet endroit aux limites des départements du Cantal et de la Lozère.
Nous empruntions un chemin escarpé descendant au bord de l'eau. Mais mon grand père devait laisser la voiture à mi-chemin, à flanc de colline, ne pouvant pas risquer de descendre plus bas tant le chemin devenait impraticable.
Le temps de s'équiper, nous finissions le reste de la distance nous séparant de la Truyère d'un pas rapide et alerte.
J'étais jeune minot à cette époque, et je ne pêchais pas encore la truite.
Mon grand père m'initiait en fait à cette passion, en me faisant pêcher la Perche, avec un bouchon et un ver de terreau, dans les calmes de la rivière, pendant que lui arpentait les parties un peu plus torrentueuses, avec son lancer et sa cuiller, à la recherche de dame fario.
J'étais tout heureux de sortir quelques belles perches, qui ont aujourd'hui disparu, alors que mon pépé ne revenait jamais bredouille.
Quel émerveillement de voir s'ouvrir son vieux panier en osier et de voir apparaître au fond de celui ci quelques belles truites prélevées!
En fin d'après midi, la remontée vers la voiture était toujours joyeuse. Nous l'occupions à nous raconter les quelques péripéties ayant émaillé la partie de pêche. Lui me parlant de cette belle truite qu'il n'avait pu attraper car elle lui avait cassé son bas de ligne sur une ultime chandelle. Moi de lui raconter les 3 belles Perches sorties coup sur coup après de longues minutes sans une seule touche.
Ce n'est que deux trois années plus tard que je fus autorisé à m'aventurer dans l'eau, avec des cuissardes, à ses côtés, pour, à mon tour, m'essayer à cette pêche qui reste à ce jour celle que je préfère pratiquer: la pêche de la truite au lancer.
Mais alors la concurrence commença à s'instaurer dans mon esprit de jeune homme! Je voulais absolument me mesurer au "maître".
La voiture à peine arrêtée au même endroit de la pente, je m'efforcer de m'équiper rapidement, afin de descendre le plus vite possible au bord de l'eau, sans même attendre mon grand père, qui, amusé me regardait dévaler le chemin, et me laissait affectueusement pêcher devant lui.
Nous nous retrouvions le soir, au coucher du soleil, afin de comparer nos paniers (point de No Kill à l'époque..).
Systématiquement, et malgré le fait qu'il était défavorisé en pêchant derrière moi, celui de mon grand père était mieux garni que le miens.
Rare furent les fois où j’eus la fierté de compter dans mon panier plus de truites que dans le sien.
Je me rappelle tous ces instants, qui me manquent. Toutes ses sorties, toutes ces parties de pêche, toutes ces anecdotes.
Dans une vie, il y a des gens qui vous on marqué plus que d'autres, qui ont façonné votre personnalité et ont eu une grosse influence sur ce que vous êtes devenu.
Mon Grand père a été pour moi un modèle dont je n'ai cessé de m'inspirer et qui a su m'insuffler l'amour de la pêche, mais aussi de la chasse, les deux passions que je pratique régulièrement et qui m’amènent tant de moments de joie